Vous devez vous demander ce que je bricole, ça manque de mises à jour du chantier depuis mon poisson du 1er avril.
Mais tout n’était pas faux dans ce poisson, je suis réellement en pleine réflexion sur plusieurs points en ce moment.
Rappel technique strip-planking
Petit rappel le strip-planking : ça consiste en quoi?
Ca consiste à créer la forme de la coque (et du pont) du kayak, avec des lattes, étroites et longues, fixées sur des formes et collées entre elles, comme ceci :
Seulement il existe plusieurs façons de faire, et j’en découvre encore un peu plus chaque jour, le tout c’est d’en choisir une.
Lourd et solide ou léger et fragile?
Autre problématique : la solidité recherchée, qui est un peu en opposition avec le poids, on peut faire très solide et très lourd, tout comme suffisamment solide et léger, et ça varie en fonction de l’usage qu’on veut faire de son kayak.
C’est une de mes grosses réflexions du moment, et c’est maintenant qu’il faut la résoudre car elle détermine en partie la suite.
Pour la solidité du kayak, on peut jouer sur plusieurs facteurs :
– le type de bois
– l’épaisseur des lattes
– le grammage des couches de tissu qu’on stratifiera sur la coque en bois, intérieur/extérieur
Le type de bois pour moi, c’est fixé : le sapin, un peu moins facile à travailler que le Red Cedar, un peu plus lourd, mais plus facile à trouver, bien moins cher, et déjà disponible sous forme de lattes, cf la page Bois
L’épaisseur des lattes, pour moi c’était fixé, j’ai des lattes de sapin qui font déjà 6mm d’épaisseur, sans avoir à les créer, impec me disais-je au départ…
Seulement voilà, après de nombreux échanges sur le forum des constructeurs d’outre-Atlantique, l’idée a fait son chemin dans ma tête que si je voulais un bateau léger, je pouvais diminuer l’épaisseur de mes lattes.
D’ailleurs de nombreux constructeurs confirment qu’ils en ont fait voir de toutes les couleurs à leurs bateaux, et que malgré une épaisseur inférieure à 6mm comme je le prévoyais, ils n’ont jamais eu de casse, pour des pagayeurs bien plus lourds, des kayaks bien chargés pour la randonnée, dans des conditions de mer parfois rudes.
Du coup, moi qui suis léger, qui vais sortir par temps calme, sans jamais charger le bateau pour partir chasser le phoque pendant 3 semaines dans le passage du Nord-Ouest, j’en suis arrivé à la conclusion suivante : faire léger! Ca sera bien assez solide pour mon usage! (et je me remercierai à chaque fois qu’il faudra poser le kayak sur les galeries du Trafic à 2m05, avec mon Ysak actuel, c’est la partie la plus fatigante de la sortie kayak).
Du coup je veux diminuer l’épaisseur de mes lattes (après y’a la question « comment »)…
Par la même occasion, j’ai sondé un peu les constructeurs pour voir quels tissus ils employaient, et là encore, j’ai revu à la baisse mes prévisions, basées sur les connaissances que j’avais au départ ou l’expérience (par exemple) de Bertrand qui a utilisé du tissu d’un grammage de 206gr/m², soit 412gr par m² une fois imprégné de résine. Sachant que la peau d’un kayak fait entre 8 et 10m², le poids des tissus imprégnés participe bien au poids général.
Donc tissus plus légers (mais ça ne change rien au processus là par contre).
Après toujours sur les tissus, j’ai aussi réfléchi à quel type et format prendre. Par exemple sur un tissu vendu en 120 de large, une bande de 6m me permet de stratifier le pont intérieur et extérieur, alors qu’en 80 de large, je dois prendre 2 x6m, 6m pour l’intérieur et 6m pour l’extérieur.
Epaisseur des lattes
La décision/envie forte de réduire leur épaisseur a un impact direct sur la possibilité de réaliser le bouvetage des bords des lattes. Avec des lattes de 6mm j’ai trouvé 1 seule fraise adaptée, à 51€ pièce, avec des lattes d’épaisseur inférieure, je n’ai rien trouvé, ce qui signifie d’oublier cette technique d’assemblage des lattes bord à bord, pour rappel assemblage des lattes bouvetées :
Pourquoi pas, j’avais envie de bouveter car je pense que c’est plus facile de caler les lattes l’une sur l’autre si elles s’emboîtent par la tranche, et ça me dispensait de raboter/poncer la base de chaque nouvelle latte pour la faire coïncider avec la précédente.
Illustration avec des lattes non bouvetées:
En A : les lattes ont des rebords perpendiculaires, d’où un espace entre elles dans les courbes.
En B : les rebords des lattes sont rabotés/poncés pour s’ajuster entre elles.
C’est important de faire l’ajustement, afin que la surface de collage des lattes bord à bord soit maximale, et que la dose de colle utilisée soit minimale. Sinon il faut mettre assez de colle pour boucher l’espace vide, ou bien combler avec un mélange de résine et de sciure après le collage. La colle ou la résine étant plus lourdes que le bois et de plus cassantes, autant minimiser le remplissage.
Le bouvetage me dispensait de cet ajustement latte//latte, mais il me fallait une fraise, et prendre le temps de bouveter toutes mes lattes.
Du coup lattes plus fines = adieu bouvetage, bonjour ajustements manuels.
Technique de lattage
Ensuite intervient la technique de lattage à proprement parler, et là j’ai fait des découvertes récemment.
Une fois que la latte à poser est ajustée (ou si elle est bouvetée il n’y a pas à ajuster), il faut la coller à sa place. La coller à la latte précédente, sur tout le bord, et la fixer contre les formes qui dessinent le squelette du kayak. Et elle ne doit plus bouger le temps que la colle sèche. Il y a donc une solution à trouver pour la maintenir à sa place.
Au départ, je connaissais 2 options : avec agrafes ou avec de la colle thermofusible.
La colle thermofusible, appliquée avec un pistolet à colle, qui se solidifie en moins d’une minute, permet de fixer la latte contre les formes, mais il faut aussi bloquer la latte dans l’alignement de la latte précédente, ce qui est généralement obtenu avec une grande quantité de grosses pinces à linge, si les lattes ne sont pas bouvetées.
Sinon on peut aussi agrafer la latte sur les formes (et mettre quand même les pinces pour l’alignement inter-lattes).
Et on attend que la colle à bois aie séché entre les deux lattes pour en mettre une autre.
Mais comme on est malin et que c’est comme ça qu’il faut faire, on va poser une latte de l’autre côté.
Et voilà on a plus qu’à attendre le lendemain que ça soit bien sec pour poser 2 nouvelles lattes. Sachant qu’il en faut au minimum 60, ça vous laisse une idée de la durée du lattage « traditionnel ».
Evidemment tous les constructeurs n’attendent pas 24H pour poser 2 lattes, soit par impatience, soit parce que c’est leur métier et que ça n’est pas envisageable de passer 1 mois juste pour coller les lattes.
Donc il y a des tas d’astuces pour accélérer le lattage.
Si vous remontez voir l’image du départ qui est tirée du chantier de Bertrand, on voit quelle technique il a utilisé : du scotch. Pour maintenir les lattes l’une contre l’autre.
Autre technique que j’ai découvert récemment, utilisée par un pro : Rob Mack, il installe la latte normalement, l’ayant ajustée auparavant, il a colle à la latte précédente et la fixe contre les formes (collée ou agrafée), et il place des pinces tout du long de la jonction des 2 lattes (la nouvelle qu’il pose, et celle déjà en place). Et au lieu d’attendre que la colle soit sèche, il dépose de petits points de colle thermofusible à la jonction des 2 lattes. Dès que la colle thermofusible est solide, il peut retirer ses pinces et attaquer la latte suivante, génial!
Voilà j’avais trouvé LA technique miracle, celle qui me permettrait d’aller vite et de pas être embêté par l’absence de bouvetage (excepté le rabotage/ponçage d’ajustement entre lattes).
Et puis j’ai découvert une technique encore plus rapide, d’ailleurs au départ j’ai rien compris je suis passé à côté du principe bien que je comprenne quand même un minimum l’anglais et que c’était écrit clairement, la technique de Bjorn Thomasson.
Lui c’est un barbare (d’ailleurs il est suédois, ça doit être génétique ^_^ ), il pose se lattes SANS LES COLLER ENTRE ELLES, il agrafe tout sur les formes et si besoin il agrafe les lattes entre elles, en utilisant des petits bouts de lattes qu’il met derrière les 2 lattes à aligner. Une fois que toutes les lattes sont placées (rien n’est collé), il barbouille tout de résine époxy, et la résine va s’infiltrer partout, notamment entre les lattes, et c’est là que tout se colle, il est trop fort! Ensuite il ôte les agrafes et ponce le tout.
Je n’ai pas d’image éloquente pour illustrer sa technique.
Là je pensais avoir trouvé ma voie, rapide et légèrement bourrin, ça me plaisait bien.
Jusqu’à ce que Dan Caouette un autre constructeur pro (Clear Stream Custom Watercraft, rien à voir avec Sarko et de Villepin), membre du forum de kayak, vienne y mettre son grain de sel, et m’explique gentiment, pourquoi il n’aime pas cette technique, qu’il a testée.
En résumé, les gros défauts qu’il trouve, c’est que devoir poncer une coque enduite de résine époxy, c’est long et pénible, car l’époxy c’est très dur une fois polymérisé. En plus comme les lattes ne sont pas du tout collées, il arrive assez facilement que certaines se désalignent en cours de route, obligeant pas mal de rattrapage voire de les retirer pour en remettre. Ca consomme beaucoup d’époxy également, à peu près 2 fois plus que de colle à bois (d’autant qu’une partie de cette résine est ensuite poncée) et enfin, l’apparence des lignes d’époxy entre les lattes n’est pas terrible si on veut laisser le bois apparent.
Du coup ma méthode miracle tombe un peu à l’eau.
Je vais sûrement (mais je n’ai pas encore décidé) opter pour la méthode Rob Mack, qui me parait la plus rapide et abordable, il me faut juste un pistolet et des bâtons de colle (et puis ça sert à plein d’autres choses hein ^_^ je vais me lancer dans le scrapbooking tiens!).
Ouf! Voilà mon plus gros article à ce jour, bravo à ceux et celles qui ont tenu jusqu’ici, ils ont gagné le droit d’essayer le kayak quand il sera terminé 😀 (comptez-vous dans les commentaires, premier(e) inscrit(e) = premier à tester 😉 )
Pas mal l’idée de la colle thermofusible, en plus, ça ne fait pas de trous comme les agrafes.
A la base, les trous d’agrafes, je m’en fiche un peu. Ca ne se verra quasiment pas. Mais si j’en viens à utiliser la colle thermo pour maintenir l’alignement des lattes, je peux aussi bien l’utiliser aussi pour coller les lattes sur les formes, et me débarrasser des trous. A voir ce qui est le plus facile et rapide 😉
Mieux dedans que dehors. parce que la colle risque, en plus de laisser des traces (certes assez légères et masquées par la résine et la fibre).
Pour l’instant, je suis. Et j’apprends ^=^. Ça servira bien un jour.
Attention, résine et fibre sont totalement transparents au final. Mais la colle ne laisse pas de trace, et surtout, il y a une phase de ponçage importante avant de stratitifier. Donc pas de souci pour mettre de la colle à l’extérieur 😉
Perso j’utiliserai les agrafes car plus rapide .
D’ailleurs je peux te prêter mon agrafeuse à air comprimé avec le compresseur .
Je l’ai utilisée pour faire mon lambris chez moi et c’est super rapide et pas fatiguant du tout .
C’est sympa Nico, je pense utiliser les agrafes pour fixer les lattes sur les couples, car les trous d’agrafes je m’en fiche. Par contre pas besoin d’agrafer super fort ou autre, au contraire, si l’agrafe n’est pas totalement enfoncée c’est aussi bien. Et puis compresseur + agrafeuse à air comprimé, ça me parait encombrant par rapport à mon agrafeuse à main toute simple, d’autant que je vais passer mon temps à tourner autour du kayak 🙂